mercredi 15 décembre 2010

Los siete magníficos, huit jours à Mirandilla


Vendredi 24 septembre 2010



Découverte du chantier des corrals de Mirandilla. Finca magnifique … Nous nous sommes dits, on va en baver ... surtout pour ceux qui ne viennent pas de la corporation de la maçonnerie.






Composition de l’équipe type (un vendeur de pneus, quatre retraités, un patron d’hôtel, deux docteurs, un vendeur en matériaux et un comptable). Nos compétences étant plus que limités, seule notre volonté de fer pouvait nous permettre d’y arriver … Mais bon on s’est lancé pour toi Fabrice et on y est arrivé … Quel bonheur de passer huit jours au milieu du campo, entre les sementals qui te regardent, la horde furieuse d’anoubles et les machos qui chargent avec plein de bravoure sur les apprentis maçons !!!!



Quelques jours plus tard



Et puis comme une faena qui se dessine, le mur a pris forme après une lidia correcte dira-t-on … Les journées sont souvent allées « a más », surtout en matière de rigolades, d’allergies aux herbes, de maux aux jambes et de coups de soleil …





Enfin, une semaine inoubliable qui a fini en apothéose avec l’Heraderro au sein de la finca, avec la 1ère ligne cévenole intergénérationnelle menée par Henry, Gérald et Greg… ; Il est vrai que parfois certains placages étaient pas très catholiques, mais bon l’entrega et le pundonor était tellement important que ça a compensé le manque d’expérience et de pratique !!!! Nous sommes prêts pour la revanche hivernale……de même pour l’apéritif final !!!!!!



Voila, nous nous te remercierons jamais assez pour ton hospitalité, ta gentillesse et ton afición…
Nous sommes prêts pour les 11 prochains travaux d’Hercule.

Los Siete Magníficos

lundi 13 décembre 2010

Chevaux de combat

En visitant votre ganadería et en lisant votre livre TORO je m’aperçois que l’art de la tauromachie est dans la même déconfiture que notre équitation de tradition française dans laquelle les chevaux doivent répondre à une certaine mode fabriquée en élevage.

On s’éloigne du but du dressage de Louis XIV qui était de former des chevaux de combats.
A l’heure actuelle je doute fort que nos enseignants reconnus par la Fedération Française d’Equitation soient capables d’aller à la guerre affronter l’ennemi.

Ce que vous ressentez dans les arènes, je le ressens sur les terrains de concours : aucune émotion, aucun brillant, un travail monocorde et stéréotypé, soit disant adeptes de l’équitation de tradition française. Le célèbre écuyer du roi Robichon de la Guérinière doit être bien malheureux dans sa tombe.

J’assiste assez régulierement aux corridas de Nîmes ou Arles et il est vrai que neuf fois sur dix en sortant de l’arène, je suis déçu et ne souhaite plus revenir. Toujours la même réflexion autour de moi : les toros ne valaient rien. Est-ce que cette raison est bien valable? Je ne sais pas, je n’ai jamais su, ce qu’était une corrida qui doit véhiculer émotions, noblesse et passion (celle que vous m’avez décrite)

Dans votre livre la sincérite de votre ambition est énorme et donne envie de voir dans cinq ans le résultat de votre sélection. A bientôt donc et courage.

Encore merci.

Denis Laugier.

dimanche 12 décembre 2010


Hola, soy Joxian Gallo de Donostia San Sebastian, amigo de Manuel Morgaz, el mayoral de Lora Sangrán. Quise darle mi enhorabuena en un comentario en su blog pero no lo conseguí. Me encanta leer lo que cuenta y las fotos que cuelga en su blog.


Suelo hablar por teléfono con Manuel que me cuenta las historias de herradero, saneamiento, etc.........


Espero que no les haya afectado mucho las inundaciones. Sí que ayer pude ver por internet un video por una zona por la que he viajado, por Constantina, en la que se veía la carretera de acceso a Dolores Aguirre (Dehesa Frías) o Espartaco (Majavieja) inundadas.


Bueno Fabrice, un abrazo muy fuerte y mi enhorabuena por su blog que me ayuda a situarme en ese precioso lugar y magnifica gente.


Muy atentamente.




Joxian.

jeudi 9 décembre 2010

Vu à Mirandilla aujourd'hui

























Duque, un exemplaire calcetero, coliblanco, bragado, meano, axiblanco. Un des derniers vestiges d'une origine Sanchez Cobaleda des Marquis d'Albaserrada

mardi 30 novembre 2010

Le marquage de Princesa

Vous vous souvenez certainement de Princesa, la velle que la mère primipare avait rejeté et que l’on avait élevée au biberon et ainsi sauvée d’une mort annoncée (voir le blog du 1º mars : "Quel avenir pour Princesa?")

Les amis qui sont venus nous visiter à Mirandilla la connaissent. Elle se ballade où bon lui semble. Indépendante et solitaire, ont la croise dans le jardin, dans le patio, dans l’enclos des jeunes taureaux, dans les arènes, en compagnie des chevaux … Elle rentre seulement en fin d’après-midi vers le cortijo pour retrouver le confort de son box dans les écuries, où elle passe la nuit.
Combien de mains d’enfants l’ont caressée? Combien de photos ont immortalisé sa douceur? Des dizaines, des centaines … Princesa est devenue la véritable mascotte de la finca. Sa bravoure a disparu, masquée par le contact de l’homme.

En ce jour de ferrade, le vétérinaire nous confirme que cette génisse doit, comme ses sœurs, être marquée au feu. Javi, le vacher qui l’a nourrie, s’y résout, l’attrappe et, la mort dans l’âme, l’amène près du foyer. Cette trahison lui vaudra d’ailleurs une bonne semaine de bouderie de sa fille adoptive. Le bétail brave a de la mémoire!

Je suis persuadé que les brûlures sur sa peau vont réveiller le caractère de Princesa et qu’elle va lutter ardemment contre cette douloureuse injustice. Pourtant, à l’application du fer, maintenue par le seul Javi, elle se débat à peine et accepte la punition sans broncher. Elle exprime juste en sourdine un léger mugissement, comme de soumission. Quelle différence de comportement avec les autres vachettes dont la force de trois ou quatre gaillards est nécessaire pour les contraindre!
Le marquage terminé, les vachers sont sur leurs gardes en la relâchant, certains que Princesa va être en rogne et charger. Mais une fois libérée, porteur d’un superbe numéro 12 sur le dos, loin de se retourner vers nous pour exécuter sa vengeance, elle fuie en trottinant, meurtrie et offensée, vers son écurie, pour y cacher sa honte.

Aucune réaction de caste! L’acquis a gommé l’inné. L’éducation a vaincu le code génétique. La main de l’homme a inhibé le tempérament et l’a transformé en une extrême noblesse. A méditer ...

Mais l'histoire de Princesa n’est peut-être qu’une exception…

mardi 23 novembre 2010

La réforme

La vache 482, une des possibles réformées
"pas si pauvre de cornes ... "

Le mayoral s’était proposé de profiter des vaccinations d’automne pour diminuer le nombre de vaches de ventre, la situation actuelle de crise économique sévère poussant à la réduction de cheptel.
Son objectif était d’abaisser le troupeau à cent vingt cinq mères, réformant une trentaine de femelles.
Des heures d’observation engendrent la liste de mises à l’écart. Trop petites, pas assez de cornes, jamais fécondées, pas dans le type, ensellées, … autant de tares qui les éloignent de ses critères de sélection.


Les numéros des vaches recalées s’inscrivent sans dificultés sur le carnet. Tout est ok. La sévère sélection va frapper. Ce n’est qu’une question de jours.


Pourtant, une fois les vaches dans les corrals, et au moment de dire aux vachers maniant les portes, celle-ci à gauche, celle-là à droite, … un nœud lui noue l’estomac. Car dire d’un côté ou dire de l’autre signifie … vivre ou mourir.


Il se rend compte qu’envoyer à l’abattoir une génisse n’ayant pas été assez brave à la tienta, ne lui pose pas de problème, par contre en faire de même avec une vache qu’il a observé en liberté depuis des années, qu’il a vu brouter, ruminer, allaiter, proteger son veau, éduquer sa bravoure … aussi grave soit le défaut qu’elle possède, lui est insupportable!


Finalement, il annonce à l’éleveur/propriétaire :
“On élimine, en tout et pour tout … quatre vaches de ventre”
“Mais comment” lui répond ce dernier, “on avait parlé de vingt-cinq ou trente!”
“Oui, mais en fait, elles ne sont pas si petites, pas si pauvres de cornes, pas si stériles, pas tant hors-types, pas si ensellées … On peut attendre les prochaines vaccinations"


On a connu au campo réforme plus stricte!

mercredi 3 novembre 2010

Banderita est née

Exactement 285 jours après être entré sur son groupe de quarante-six vaches de ventre, Bandera, le semental du renouveau vient d'être papa pour la première fois.

Le 1º novembre, la vache Tabernera, sa promise originelle a mis bas d'une superbe velle. De robe negra mulata bragada*, ne vous fiez point de ce doux regard. Elle est la première à porter dans ses gênes l'espoir de récupération de l'élevage du marquis d'Albaserrada. Mais que le chemin est encore long ...

En faisant deux exceptions à la rêgle, j'ai décidé de déjà la bâptiser, sans attendre sa tienta, et de lui donner le nom de son père. Elle s'appelle donc Banderita. Longue et belle vie à cette nouvelle brave.


* negra mulata bragada : robe brune, sans être ni rousse ni châtain, comme fauve, au ventre blanc (de bragas, culottes)





















jeudi 21 octobre 2010

Versión española (X) : Lista como ninguna

La fecha del saneamiento de primavera está fijada. Los vaqueros saben que tienen una semana para realizar una de las faenas más complejas. Traer las vacas de vientre del campo al cortijo. Tarea ya complicada en sí, este año va a resultar todavía más difícil engañarles ya que el pasto abunda todavía en la dehesa. Hartas de comida, la única forma de despistarlas esta vez será con el agua, o mejor dicho con la privación de agua. Les cortamos el acceso al pantano de la Laguna y el aprovisionamiento en agua del pilar de la Zahúrda.

A los tres días, con las altas temperaturas del mes de junio, se nota que les “pica” la sed. Empezamos a llevar agua con una pipa. Así, “enganchándolas”, las vamos acercando a los corrales, de pequeños grupos a piaras más numerosas. Al final, parece que todo el ganado está cogido. El mayoral hace un recuento y se da cuenta que faltan dos vacas.

El primer día del saneamiento, pasamos las vacas una por una por la mangá y hacemos la comprobación. Efectivamente, no han pasado las vacas 875 y 889, Trabuca y Tordita.
El mayoral piensa que siendo vacas de más de quince años, seguramente hayan muerto. El vaquero más antiguo sonríe. Sabe que todos los años pasa lo mismo con estas dos vacas. Llegado la hora del saneamiento, desaparecen y se esconden.

El mayoral insiste en sanearlas a toda costa. Los vaqueros las buscan durante tres días. Repasan los caños, buscan huellas, … No se entiende como han podido quedarse tantos días sin salir a beber. Fisiológicamente, parece imposible. El mayoral esta convencido que han muerto.

Termina el saneamiento. Se sueltan las vacas a la dehesa. Después de la paliza de apartarlas, pincharlas, arrearlas, desparasitarlas, … esta vuelta a la dehesa es una verdadera liberación para ellas. Al día siguiente, repasando la manada de vacas, el mayoral se queda helado. Están Trabuca y Tordita en medio de las demás, pastando, como si nada!
Han sabido esperar que terminara el follón para aparecer. No han bebido ni comido durante una semana para no dejarse ver. Cuando han notado que el jaleo de ruidos, chillidos, golpes y porrazos había terminando, han salido de su escondite. Memoria prodigiosa.

Después del primer momento de cabreo por haberse dejado burlar por dos vacas, el mayoral se serena y admira, una vez más, el espíritu de supervivencia de la raza brava y sobre todo de las hembras.

Vaca brava, lista como ninguna.

jeudi 14 octobre 2010

Ferrade au campo

2 octobre, herradero à Mirandilla. On marque une cinquantaine de veaux et génisses du millésime 2010.
Affluence record d’attrapaïres, près d’un par bête. Du jamais vu!
Nos sept magníficos, renforcés, et devenus les dix monstruos sont à pied (et main) d’œuvre, en forme olympique, surtout après le cul-sec matinal d’anis Machaquito.

Trois heures de cris, de culbutes, d’éclats de rire gras et de poils brûlés plus tard, les animaux arborent fiérement le A couronné.
Tous les couchers de veaux ne furent pas des exemples d’orthodoxie. La rude première ligne cévenole du Rugby Club de Sumène, au grand complet, s’est faîte particulièrement remarquée par des placages sincères, mais souvent … dans le vide!
Belle ambiance de campo et de fraternité franco-espagnole, ou plutôt gardoise-gerenera. Les français retrouvant clairement de leur allant à l’heure de l’apéro …
Rendez-vous est pris pour le second herradero cet hiver. Qu'on se le dise.

mercredi 6 octobre 2010

Pari tenu

J4, mur remonté (en pierres apparentes du campo), piliers peints, portail posé (qui s'ouvre dans les deux sens s'il vous plait!) ... la première phase de l'opération "murs de corrals de Mirandilla" est terminée. Peut-être que d'autres phases suivront?

Nos siete magníficos, aidé par Eric, Joé et Serge peuvent être fiers de leur œuvre. C'est solide, beau et édifié dans le bonne humeur.

En plus, ils ont tenu parole et délai, ce qui dans le mundillo est peu fréquent.

mercredi 29 septembre 2010

Et le 3º jour, le portail se posa

Nos siete magníficos entre la visite complète de la dehesa de Mirandilla et de son bétail et le sevrage musclé d'un veau, ont pu réaliser une opération symboliquement fondamentale : la pose du portail. Du grand boulot abattu. Et demain, on annonce le renfort de deux ou trois magníficos de plus pour les deux derniers jours. De très mauvaises langues parlent de la venue d'inspecteurs des travaux finis ...

mardi 28 septembre 2010

Le mur, jour 2


90 bétonnières, 50 sacs de ciment, 1 palette de briques, 1 camion de graviers, 16 mètres-cube de sable, des grasses rigolades, des hectolitres d'élixir, des tours de reins et quelques attaques de veaux plus tard ... los 7 magníficos érigent inlassablement leur œuvre colossale.

lundi 27 septembre 2010

Le mur de l'amitié

Ça y est, c'est parti!
Los siete magníficos ont commencé à monter les murs des corrals de Mirandilla : Jacky, Maurice, Henri, Grégory, Gérald et Ghislain, sous la direction impitoyable de Serge Genest.

mardi 14 septembre 2010

Féria des vendanges




Dimanche 19 Septembre, après la corrida, à partir de 19H30, à la Bodega "Les amis de Pablo Romero"


Pour clôturer la Féria des vendanges 2010, tous les membres de l'association TORRITO AFICION, ainsi que ses sympathisants et certainement nouveaux membres sont invités à passer la soirée sur la terrasse de la Bodega. Une excellente occasion de partager notre afición au campo et notre amitié pour notre mayoral Fabrice. Adhérents, pensez à vous munir de votre carte. Les nouveaux n'oublieront pas de la prendre.

mardi 7 septembre 2010

Claude Alexandre, la photographe aux stigmates

Une de ses dernières photos de campo
Claude Alexandre vient de nous quitter. C’était une grande photographe. C’était une amie.
Elle aimait la fête des taureaux dans ce qu’elle a de plus crue, de plus rituelle, de plus saignante, de plus barbare.
Elle aimait le toro dans ce qu’il a de plus sauvage, de plus rustique, de plus ancestral, de plus mythologique.
Elle aimait la corrida sans fioritures, ni gomina. Elle vibrait pour le combat qui pue, qui verse le sang, qui vomit.
Spécialisée dans les portraits de corps, de couples, elle trouvait dans la tauromachie l’expression de la soumission et de la domination, sujets présents dans toute son œuvre.

Elle adorait le campo, celui des bouses, des poils, de la poussière. Elle aimait le dialogue rude et rugeux des vachers. Elle disait : “j’aime aller dans les élevages, très près des toros. C’est un art de vivre. C’est un monde qui dégage une énergie énorme, de l’espoir aussi, de la foi.”
C’était un plaisir de la recevoir à La Calera ou à Mirandilla et laissez l’artiste observer et créer. Elle me demandait simplement de de lui montrer des toros et de lui en parler.
Malade, sa dernière sortie avait été d’assister à une ferrade à Mirandilla. Ses clichés furent musclés et sans concessions. Comme elle.

Entière et jusqu’auboutiste, lorsqu’elle décide de s’installer en Andalousie, ce n’est pas n’importe où…Elle vivra à Séville, calle Iris, dans l’appartement d’Antonio Ordoñez, à deux pas de la Maestranza qu’elle aperçoit depuis chez elle. Elle surplomble ainsi depuis son balcon l’arrivéee des maestros les jours de course.
Cette migration vers l’Andalousie correspondait à une quête de vérité, à un retour vers son passé ancestral, à une véritable aventure spirituelle. Elle était persuadée d’avoir été matador à l’époque de Goya et d’être morte dans l’arène. Elle disait qu’elle portait en permanence des hématomes sur son corps qui étaient les traces laissées par le toro qui l’avait tuée et traînée sur le sable de l’arène. Des stigmates.

Claude, si tu as été torero, je suis persuadé que tu as aussi été toro dans une autre de tes incarnations. Un toro brave, de tempérement, sauvage, indomptable, destructif. Mais surtout un toro LIBRE. Tu aimais m’entendre dire que les taureaux ressemblaient au caractère de la personne qui les sélectionnaient et s’en occupaient. Et bien sache, très chère Claude, que je serais fier d’élever des toros qui aient ton caractère…

Claude Alexandre.
Seine-Maritime, 1940/Séville, 2010.

Pour découvrir son œuvre :
www.claudealexandre.com


Le minotaure, un de ses thèmes préférés

vendredi 3 septembre 2010

Albaserrada sur "josemitoros"


Josemi Tello, aficionado de Zaragosse, et auteur d'un blog très toriste est venu visiter Mirandilla au mois de mars dernier.

Il a réalisé un intéressant reportage :



http://www.josemitoros2.blogspot.com/

mercredi 25 août 2010

Croisement de sang Albaserrada/Miura


Nous sommes bien revenus dans notre Pays basque, enchantés par notre séjour en Andalousie et plus particulièrement par les moments délicieux a Mirandilla en ta compagnie.
Merci encore Fabrice, nous te souhaitons courage et ténacité dans ton entreprise et ne manquerons pas de suivre tes projets.

Je dois te raconter une péripétie lors de notre départ qui devrait te faire sourire et qui serait digne de tes récits :
Avant de partir de Mirandilla , Chantal avait vu rôder un jeune chat noir et blanc autour de la voiture, mais sans plus.

Nous sommes partis vers Séville et je voulais aller à Zahariche, voir le portail mythique de chez Miura. Après 90 km nous sommes arrivés à l’entrée et là , moteur arrêté nous avons entendu un miaulement sous le capot. Stupéfaction le chat était tapi entre le capot et un plastique de protection du moteur !

Chantal a réussi a le sortir malgré son agressivité et il s’est enfui dans la propriété de Miura !

Photo : Le Marquis d'Albaserrada et un des chats de Mirandilla

J’espère qu’il ne vous manquera pas trop. Avoue que c’est un destin ahurissant, passer dans la journée du Marquis Albaserrada à Miura par ce biais.

Le sang félin des Albaserrada sur du sang Miura !!!! Bon sang, quel sang. Affaire à suivre ...



Gérard Charbeau, Ustaritz, Bayonne.

jeudi 12 août 2010

Chantier au campo

Finca Mirandilla - GERENA
Du samedi 25 septembre au samedi 2 octobre 2010.

Ce projet se déroule autour du Week end de la féria de la San Miguel de Séville (samedi 25 et dimanche 26 Septembre)


Dès le samedi 25 septembre et jusqu’au vendredi 1 octobre : chantier de réfection de murs de corrals en pierres à proximité de la placita de la finca Mirandilla.


Chacun participe le nombre de jours qu'il peut.


Les travaux ne demandent aucune connaissance. Seulement de la bonne volonté et une dose d’aficion taurine pour se laisser diriger par les maçons compétents et la baguette de Serge GENEST, notre chef de chantier! Bonne humeur garantie !


Horaires :

8h00, petit-déjeuner en commun

14h00, repas en commun

Après-midi et soirée libres!


Le voyage est à la charge et à l'organisation de chacun. Pour l'hébergement hostal à Gerena, Aznalcollar ou San Lucar La Mayor où une partie de l'équipe se trouvera. Prévoir autour de 50 € la nuit en chambre double.


Pour célébrer la fin du chantier, le samedi 2 octobre est prévue une matinée taurine et festive au Campo.

Contact : Joé Gabourdès 06 17 78 56 20

mercredi 28 juillet 2010

Versión española IX : ¿Prohibición de los toros en Catalunia?


En 2007, este texto de Fabrice Torrito introducía su libro "Luminoso se puso a hablar". Ya tocaba el problema catalán referente a los toros.

Hoy 28 de julio del 2010, el Parlamento de Catalunia podría votar la prohibición de la Fiesta de los toros en su territorio.

Más que nunca las palabras EDUCACIÓN y TRANSMISIÓN son fundamentales...




Para las mamás y los papás.

Cuestión de contexto y de educación.


La corrida de toros sacada de su contexto histórico, ecológico y cultural es difícilmente defendible. Es legítimo que un neófito choque con numerosas zonas de sombra. Crueldad, lucha inigualada, sufrimiento físico del animal casi sin defensa, puesta en espectáculo del sacrificio del animal o de la muerte del hombre,… son argumentos lógicos en su toma de postura de persona desinformada de las cosas taurinas. La corrida de toros no es una manifestación políticamente correcta en nuestra sociedad moderna que busca sin cesar una mejora de las condiciones de vida y de muerte del ser humano y del animal.

En 2003, un hecho muy significativo ha ocurrido en España, país creador de la Tauromaquia. El Parlamento de los diputados de Cataluña ha votado una ley que prohíbe a un niño menor de 14 años presenciar un espectáculo taurino, aunque este acompañado de su padre o de su madre. Este texto no contempla el derecho fundamental de padre de poder decidir si debe o no, orientar sus progenituras hacia la Tauromaquia. A raíz de esta decisión, se ha instaurado un verdadero debate en toda la península ibérica. Y que en la nación inventora de la corrida haya una división de opinión, da evidentemente un impulso abolicionista a esta Europa en busca de la uniformidad, y a quién le esta costando cada vez más aceptar esta manifestación anacrónica y fuera del tiempo que es la Fiesta de los toros.

Es obvio que una demostración taurina es un evento fuerte, que podría chocar a un niño si no estuviera preparado a vivirlo. Pero la tragedia taurina merece un aprendizaje idóneo. La educación es fundamental para permitir a nuestros niños asimilar lo mejor posible esta tradición del culto del toro.
Existen para el niño, perversiones más fácilmente abordable. La guerra y sus muertos en directo en la televisión o los juegos electrónicos de una violencia aséptica, forman parte de un cotidiano sin sensibilidad. En los dos casos se trata de un acceso muy libre a una violencia totalmente infundada.

Presenciar una corrida de toros debe constituir para el espectador una profunda toma de conciencia de esta ancestral pasión para el bóvido. La corrida debe representar para las futuras generaciones un ejemplo de respeto hacia el animal salvaje y de grandeza del ser humano. El hombre, arriesgando su vida, pone su valor y su reflexión al servicio de la fiera para glorificarla en su combate. Y la fiera, rebozando de de potencia y de bravura, magnifica la lucha del hombre. Todo esto, en una explosión de belleza et elegancia. Esta ética hace de la corrida un arte absoluto. Esta filosofía es el único argumento que justifica el afrontamiento entre la inteligencia humana y la fuerza bruta animal.

Que este libro pueda dar una clarificación suplementaria a los futuros aficionados a los toros, del contenido del arte de la tauromaquia, de su riqueza, de su sutileza, y de su complejidad, siempre dando al animal rey el protagonismo que se merece. Teniendo elementos de comprensión, el niño convertido en persona mayor decidirá él mismo, sin que nadie se lo imponga, si quiere caucionar o renegar la fiesta de los toros. La juzgará grandiosa o indecente, pero tendrá los argumentos para pronunciar con conocimiento.

Opino que el amor a la tauromaquia se nutre de algunos conceptos fundamentales que declino en este libro en distintas etapas.
Orientar el niño sobre el origen del animal toro, explicarle de donde viene e insistir en el carácter único de esta raza bovina de lidia: « Los origines del toro ».
Abrir los ojos al niño sobre los cincos años idílicos de vida del animal en su entorno natural antes de lidiarse. Hay que hablarle del proceso misterioso y trabajoso del ganadero: « El criador del toro », de las duras reglas de selección que impone la naturaleza: « La selección natural », y del papel fundamental de las madres en la transmisión del carácter: « Las madres de los toros ».

Hablarle de esta vocación, totalmente ilógica, pero bien implantada en el siglo XXI, que hace que cientos de niños, sueñen con ser torero: « Los aprendices toreros ». Y, describirle el desarrollo de una corrida, sus distintas fases, las reacciones del torero y el comportamiento del toro. Este último, como actor principal de la corrida, tomará a menudo la palabra para expresarse: « La corrida de toros ».

Mi hija mayor, María, ha recibido desde que nació una intensa educación taurina. Presenciar festejos taurinos en los cosos mas importante como en los mas humildes, admirar los toros en el campo, montar a caballo, leer y escuchar numerosas historias de toros y toreros, estar rodeada de carteles y de obras de arte inspiradas por la tauromaquia, …ha acompañando, entre otras cosas, su primera juventud. Soy consciente que haciéndose mayor y asumiendo la real dimensión trágica de la corrida, puede totalmente renegar esta cultura, pero lo importante era instruirla. Y esto no se hizo nunca calculando ya que formaba parte integral del cotidiano de nuestra familia.

La causa original de este libro fue ella. Debía, todos los días explicarle con mis palabras todas las experiencias que vivía desde que nació, este cotidiano en contacto con el toro, numerosos hechos taurinos maravillosos y también episodios menos luminosos. Incluso, María compartió los momentos mágicos de alegría y los momentos estresantes menos agradables, cuando, con mi mujer, intentamos esta loca aventura de convertirnos en ganaderos bravos.
¿Quién mejor que ella podía ilustrar las historias de este libro? Con siete años, participó conmigo en este proyecto. Dibujó, pintó, creó,…para poner imágenes a lo que su papá contaba, o por lo menos expresar como lo resentía en su interior. Esta escritura a cuatro manos, y incluso a seis, con una ligera participación de la menor de tres años, Isabel, ha constituido una experiencia única y enriquecedora para nuestra familia. Mi hermana Stéphanie ha sido la catalizadora des las ideas desordenadas de María. Eve André imaginó el grafismo y la puesta en página de la obra. ¿Y como no asociar a esta apasionante aventura mi esposa Isabel María, la mamá de mis dos hijas, que compartió cada uno de los instantes?

¡Y si « Luminoso se puso a hablar… » para provocar una sana reacción en los futuros actores y espectadores de la corrida de toros que son nuestros hijos y nietos, una alegría, un orgullo, de poder comprender mejor y poder transmitir, ellos también, a las futuras generaciones, la sensibilidad y la nobleza de la tauromaquia, que grande y hermosa idea tuvo este toro!

Prohibition des corridas en Catalogne?

En 2007, ce texte de Fabrice Torrito introduisait son ouvrage "Luminoso se mit à parler". Le problème catalan vis à vis de la tauromachie était déjà abordé.

Aujourd'hui 28 juillet 2010, le Parlement de Catalogne pourrait voter une prohibition des corridas sur son sol. EDUCATION et TRANSMISSION sont plus que jamais les mots maîtres...



Pour les mamans et les papas.

Question de contexte et d’éducation.


La corrida extraite de son contexte historique, écologique et culturel est difficilement défendable. Il est légitime qu’un néophyte se heurte à de nombreuses zones d’ombres face à sa simple existence. Cruauté, combat inégal, souffrance physique d’un animal presque sans défense, mise en spectacle indécente de la mort de l’animal ou de l’homme, … sont des arguments logiques dans sa prise de position de personne désinformée des choses taurines. La corrida n’est pas une manifestation politiquement correcte dans notre société moderne qui cherche sans cesse une amélioration des conditions de vie humaine et animale.

En 2003, un événement très significatif a frappé l’Espagne, pourtant berceau de la tauromachie moderne. Le parlement des députés de Catalogne a voté une loi qui interdit à un enfant de moins de 14 ans d’assister à un spectacle tauromachique, même s’il est accompagné d’une personne adulte, fut-ce son père ou sa mère. Ce texte ne laisse donc pas le choix aux parents de décider s’ils doivent ou non orienter leurs progénitures vers la tauromachie. Depuis, un véritable débat s’est instauré dans la péninsule ibérique.
Et une disparité d’opinions au sein même de la nation qui a inventé la corrida, donne des ailes abolitionniste à une Europe en quête d’uniformisation, qui ne peut cautionner encore longtemps cette manifestation anachronique et hors du temps.

Evidemment, une démonstration taurine est un événement fort qui peut choquer un enfant s’il n’y est pas préparé. Mais la tragédie taurine mérite un apprentissage adéquat. L’éducation est fondamentale pour permettre à nos enfants d’appréhender de la meilleure des façons cette tradition de la culture du taureau.
Il existe pour l’enfant des perversions plus facilement abordables. La guerre et ses morts en direct à la télévision ou les jeux électroniques d’une violence inouïe, font partie de son quotidien exempt de sensibilité. Dans les deux cas il s’agit d’un accès très libre à une violence totalement gratuite.

Assister à une corrida doit constituer pour le spectateur une profonde prise de conscience de cette ancestrale passion pour le bovin. La corrida doit représenter pour les futures générations un exemple de respect de l’animal sauvage et de grandeur de l’être humain. L’homme, au risque de sa vie, met son courage et sa réflexion au service du fauve afin de le glorifier dans son combat. Et le fauve, débordant de puissance et de bravoure, magnifie la lutte de l’homme. Le tout, dans une explosion de beauté et d’élégance. Cette philosophie faisant de la corrida un art à part entière. Ce n’est d’ailleurs qu’à ce titre que la lutte entre l’intelligence humaine et la force brute admet justification.

Puisse cet ouvrage donner un éclairage supplémentaire aux futurs aficionados du contenu de l’art de la tauromachie, de sa richesse, de sa subtilité et de sa complexité, et ce, en donnant toujours à l’animal-roi le protagonisme qu’il mérite. Ayant en mains des éléments de compréhension, l’enfant devenu grand décidera de lui-même s’il veut cautionner ou rejeter la corrida. Il la jugera grandiose ou indécente, mais il aura les arguments nécessaires pour analyser et se prononcer avec justesse.

J’estime que l’amour de la tauromachie repose sur des convictions fondamentales qui sont développées dans cet ouvrage en différentes étapes

Orienter l’enfant sur l’origine de l’animal taureau, lui expliquer d’où il vient et insister sur le caractère unique de cette race du taureau de combat : « Les origines du taureau ».
Eclairer l’enfant sur les cinq années idylliques de vie que passe l’animal dans son environnement naturel avant d’aller combattre. Il faut lui parler du travail de longue haleine de l’éleveur : « L’éleveur du taureau », des règles dures de sélection qu’impose la nature : « La sélection naturelle » et du rôle fondamental des mères dans la transmission du caractère : « Les mères des taureaux ».

Lui parler de cette vocation, totalement illogique, mais pourtant bien présente au XXI siècle et qui habite des centaines de gamins, rêver de devenir matador : « Les apprentis toreros ». Enfin, il faut lui décrire le déroulement d’une corrida, ses différentes phases, les réactions du torero et le comportement du taureau. Ce dernier, comme élément principal de la corrida, aura d’ailleurs souvent la parole : « La corrida du taureau».

Ma fille aînée, Maria, a connu depuis sa naissance une intense éducation taurine. Assister aux corridas dans les plus grandes arènes et dans les plus humbles, admirer les taureaux dans les champs, monter à cheval, lire et écouter d’innombrables histoires de taureaux et de toreros, être entourée de représentations d’œuvres artistiques tauromachiques,… a bercé, entre autres choses, sa première jeunesse. Je suis conscient que grandissant et mesurant la réelle dimension de la corrida, elle puisse renier totalement cette culture, mais l’important était de l’instruire. Et cela n’a jamais été calculé car cela faisait partie intégrante de la vie de notre famille.

Au départ, c’est pour elle que l’idée de ce bouquin est née. Je devais tous les jours lui expliquer avec mes mots ce qu’elle supportait depuis sa naissance, ce quotidien au contact du taureau, construit de nombreux faits taurins merveilleux et aussi d’épisodes moins lumineux. Maria a réellement touché du doigt la difficulté et même partagé notre stress lorsqu’avec mon épouse, nous avons commencé cette folle aventure de vouloir devenir éleveurs de taureaux.
Qui mieux qu’elle pouvait donc illustrer les histoires de ce livre ? A sept ans, elle a participé avec moi à ce projet. Elle a dessiné, peint, collé, créé,… pour imager ce que son papa racontait, ou en tout cas montrer comment elle le ressentait. Cette écriture à quatre mains, et même à six, avec une légère participation de la cadette de trois ans, Isabel, a constitué une expérience unique et enrichissante pour notre famille. Ma sœur Stéphanie a été le metteur en scène des idées désordonnées de Maria. Eve André a imaginé le graphisme et la mise en page de l’ouvrage. Et comment ne pas intégrer à cette aventure mon épouse Isabel María, maman de mes deux filles, qui en a partagé chaque instant ?

Et si « Luminoso se mit à parler… » pour éveiller chez les futurs acteurs et spectateurs de la corrida que sont nos enfants, une joie, une fierté de pouvoir comprendre et de pouvoir à leur tour transmettre à d’autres un peu de la sensibilité de la tauromachie, quelle belle et grande idée a-t-il eue !

Luminoso se mit à parler

Ouvrage réédité et disponible


Conception, réalisation : SEDICOM-www.sedicom.fr

Direction Artistique : Eve André

Dessins : María et Isabel Torrito

Dépôt légal : Mai 2007

Une édition Lapuita-Torisabel

Versión española VII : El maletilla dormilón


En el pueblo, todo el mundo conoce a Manuel. Quiere ser torero. Tiene 12 años. Es un aprendiz torero, un maletilla.
Como él, muchos lo intentaron, pero ninguno lo consiguió. Hablando de Manuel, los ancianos del pueblo opinan que la cosa va en serio. Piensan que tiene valor y carácter.
Entrena todos los días en la placita de toros del pueblo. Presencia todos los festejos taurinos. Solo sabe hablar de toros y toreros. Para él, es una verdadera vocación.

Esta noche, decide actuar. La luna es llena. Ilumina perfectamente la oscuridad. Se escapa por la ventana de su cuarto mientras sus padres están dormidos.
Se aleja en silencio del pueblo, para que no lo vean. Se dirige hacia la finca vecina donde pastan los toros bravos. Su decisión esta tomada: va a torear, solo, un verdadero toro en el campo.

Después de varios kilómetros recorridos y muchas vallas saltadas, el cortijo se dibuja a lo lejos. Sabe que los toros adultos se encuentran detrás de la casa. Se fija en un soberbio toro negro zaino, echado debajo de una encina. Su corazón retumba ruidosamente. Se acerca en silencio. El toro lo ve, da un respingo y se levanta. El maletilla se sobresalta. Da un pasito para atrás y se para. Tiene mucho miedo. No sabe que hacer. Esta paralizado. Solo ve lo sojos brillantes del toro. Pasan unos segundos interminables. Se le ocurre huir y volver a su camita calentita. Se da cuenta que esta haciendo una enorme tontería.

No obstante, se convence. No puede irse, sino nunca será un gran torero. Saca su muleta que escondía debajo de su camiseta, la presenta al toro y lo cita:

- ¡Eh, eh, toro!

El toro, sorprendido, lo observa, lo huele y comprende que se trata de un niño.

- ¡Eh, eh, toro! ¡Ven p’acá!

Después de pensárselo un poquito, el toro se da la vuelta y se marcha tranquilamente. No piensa embestir a un niño.
Manuel no se conforma. Esta ofendido. Corre detrás del toro para forzarlo a atacar. Lo persigue durante buena parte de la noche. Nunca el toro querrá agredir al niño. Consigue despistarlo en el bosque.

Manuel esta cansadísimo. No ha dormido y correr detrás de la fiera lo ha dejado sin fuerza. Sin saber dónde está el toro, enfadado, se tumba un momento para descansar. Vencido por el cansancio, se duerme profundamente.
El toro escondido detrás de un matorral, lo observa tiernamente. Se acerca en silencio. Con delicadeza, con sus astas, coge la muleta y tapa al niño que empezaba a tiritar de frío en el frescor del alba.

Por la mañana, los vaqueros presencian esta escena conmovedora: Manuel dormido, tapado por una muleta arrugada, un toro echado a su lado calentándolo.



Del libro "Luminoso se mit à parler" de Fabrice, María e Isabel Torrito.

mardi 27 juillet 2010

Nuit de pleine lune

26 juillet 2010.

Nuit de pleine lune.
Histoires fortes de campo.
Certaines magiques, d'autres moins nobles.





Au village, tout le monde connaît Manuel. On sait qu’il rêve de devenir torero. Il a 14 ans. C’est un apprenti torero.
Si beaucoup avant lui ont tenté leur chance, aucun n’a réussi. Mais, avec Manuel, les anciens du village pensent que c’est plus sérieux. Ils trouvent qu’il a du style et de la personnalité.
On le voit s’entraîner tous les jours dans les arènes du village. Il assiste à toutes les corridas. Il ne sait parler que de taureaux et de toreros. Il s’agit pour lui d’une véritable vocation.


Cette nuit-là, il décide de passer à l’action. La lune est pleine. Elle illumine parfaitement l’obscurité. Il s’échappe par la fenêtre de sa chambre lorsque ses parents dorment.
Il quitte furtivement le village en faisant attention de ne pas être vu. Il se dirige vers la campagne voisine où vivent les taureaux de combat. Sa décision est prise : il va toréer, seul, un vrai taureau dans les champs.


Après plusieurs kilomètres parcourus, et de nombreuses clôtures franchies, il aperçoit la ferme. Il sait que derrière les bâtiments se trouvent les taureaux adultes. Il repère un superbe taureau noir couché sous un chêne. Son cœur bat à tout rompre. Il s’approche sans faire de bruit. Le taureau l’a senti et d’un bond se relève. L’apprenti sursaute. Il recule d’un pas et s’arrête. Il est transi de peur. Il ne sait pas ce qui va se passer. Des secondes interminables s’écoulent. Il ne distingue que les yeux brillants de la bête. Il pense à fuir et à retourner dans son lit douillet. Il sait qu’il est en train de faire une énorme bêtise.
Pourtant, il se résigne. Il n’a pas le droit de s’en aller, sinon il ne sera jamais un grand torero. Il sort la cape qu’il a cachée sous sa chemise, la déploie, la tend vers le taureau et appelle :

- Eh, eh, taureau !

Le taureau l’observe, amusé. Il le renifle et comprend qu’il ne s’agit que d’un enfant.

- Eh, eh, taureau ! Viens vers moi !

Après quelques secondes d’hésitation, le taureau se retourne et s’enfuit nonchalamment. Il est hors de question pour lui d’attaquer un enfant.
Manuel ne l’entend pas ainsi. Il se vexe. Il court derrière le taureau pour le forcer à attaquer. La poursuite dure une bonne partie de la nuit. Jamais le taureau ne voudra agresser l’enfant. Il réussit à l’égarer dans les bois.


Manuel est épuisé. Il n’a pas dormi et ces heures passées à courir derrière le taureau l’ont éreinté. L’ayant perdu de vue, dépité, il s’allonge un instant pour se reposer. Vaincu par la fatigue, il s’endort profondément.


Le taureau, caché derrière les roseaux, observe la scène. Il s’approche. Délicatement, avec ses cornes, il soulève la cape du torero abandonnée par terre, et en recouvre le garçon qui commençait à frissonner sous la fraîcheur de l’aube.
Au petit matin, les vachers sont témoins de cette scène extraordinaire : Manuel endormi, recouvert d’une cape de torero, un taureau couché à ses côtés en train de le réchauffer.



Dessin Joaquin Lora Sangrán


Extrait de l'ouvrage "Luminoso se mit à parler", de Fabrice, María et Isabel Torrito.



Vu à Mirandilla (5)

Ça cogne au campo



La triste fin de Mocito

C'était mon taureau préféré. Dans la camada* d'utreros on ne voyait que lui. En type, fin, harmonieux, équilibré, puissant, berceau de cornes parfait. Il en imposait. C'était un taureau de trapío*. J’étais fier de l'exhiber lorsque je recevais la visite d'aficionados. Je soupirais ... si toute la camada pouvait être comme ce nº 36!

C'était un taureau malin, très malin. A plusieurs reprises, il s'était débrouillé pour s'échapper et rejoindre le lot de vaches. Il connaissait tous les trucs pour sortir de son enclos. Difficile de comportement au campo, c'était un véritable casse-tête pour les vachers. Il faisait face aux chevaux, ne suivait jamais les cabestros*, trouvait toujours les querencias* parfaites, ... Pour ces frères, c’était un enfer, il était pénible, cherchait toujours à les ennuyer. C’était un dominant insupportable Je m’attendais chaque matin à le retrouver mort dans le champ, tué par ses frères, à bout. D’ailleurs, de temps en temps, il recevait des raclées qui le calmaient. Mocito, c'était son nom, était vraiment imprévisible. C’était l’opposé d’un brave. Cela aurait certainement donné un manso encastado* si on l'avait lidié.

Hier, des taurins sont venus embarquer une novillade à Mirandilla. Un veedor* ancien matador basque et un empresario* andalou de niveau modeste. Après être venu voir les taureaux au campo à plusieurs reprises, on s'était mis d'accord sur sept animaux et un tarif. C'était pour un spectacle de recortes* pour la féria d'une capitale du nord de l'Espagne. Jusque là tout est normal.

7h00, le camion arrive pour charger. Nous faisons un tour de routine dans l'enclos avec les acheteurs. Je ne suis pas tranquille. Je crains l’entourloupe. Commencent alors à fuser des commentaires inattendus.

- ils n'ont pas grossi depuis la dernière fois...
Je précise que la dernière fois, c'était...il y a deux jours!

- ils son trop petits pour ces arènes...
Il n'ont tout de même pas rapetissé en quarante-huit heures!

- on ne peut pas embarquer ça. Il nous faut d'autres taureaux.
Grosse colère retenue du mayoral.

Je ne leur avais pas montré, mais ils savaient, tout ce sait dans ce milieu (milieu?!), que dans un autre enclos, il y avait des novillos plus grands, plus forts, que je voulais réserver pour une corrida en 2011.

- allons les voir.

Evidemment, ils leur plaisent et veulent les embarquer. Ils sont surtout impressionnés par le nº 36, Mocito, qu’ils veulent à tout prix.

- mais cela n'a rien à voir avec ce dont on avait convenu. Je dois en référer aux propriétaires.

L’alternative est simple. On refuse, on est dans notre droit le plus absolu, ce sont eux qui ont rompu le contrat, on se fâche, le camion repart certainement vide et s’obscurcit alors l’avenir déjà très sombre de la vente de nos animaux. Ou alors, on résiste un peu, pour la forme, on les laisse nous saoûler d’arguments bidons, on baisse la tête … et on se fait avoir.

La situation de crise qui affecte les corridas, et surtout les novilladas en Espagne, fait estimer à plusieurs milliers le nombre de bêtes qui ne se vendront pas et resteront chez les éleveurs à manger du pienso* couteux. Les prix de vente s’éffondrent, les éleveurs bradent, suppliant les acheteurs de venir chez eux…

Après deux heures de discussions et tergiversations, on en arrive à ce que je craignais: on va embarquer seulement deux des taureaux prévus inicialement et on complètera avec cinq autres (dont Mocito bien sûr) du lot supérieur, au prix du lot inférieur! Ces gens-là ne sont pas des voyous, disons qu’ils profitent d’une situation critique.

On procède au tri et on embarque les animaux. Le dernier à monter dans le camion est bien entendu Mocito qui a confirmé sa mansedumbre* encastée. Vingt minutes pour l’embarquer, utilisant toutes les ruses possibles, tempérant mes vachers pour ne surtout pas employer la force avec lui. Il ira dans le camion lorsqu’il l’aura décidé lui-même.

Quelle tristesse et colère lorsque la porte de la caisse s’est refermée sur Mocito. Un si bel exemplaire, bradé, vendu par “arnaque”, que l’on va sauter, écarter, utilisant peut-être une chaise pour l’humilier un peu plus, …qui ne sera pas piqué et que l’on tuera d’un lâche coup de fusil dans l’obscurité d’un chiquero humide.

Ma réponse fuse pour répondre à l’invitation de l’empresario :

- non, je n’irai pas voir ça!




Camada: ensemble d’animaux d’une même année de naissance. Vient de cama, lit

Trapío: ensemble de caractéristiques morphologiques d’un taureau de combat

Cabestros: bœufs de travail servant de guides

Querencias: refuges, terrains où le taureau se sent en confiance. Terme valable dans l’arène et au campo

Manso encastado: contraire au brave. Taureau malin, qui se livre peu, qui défend chèrement sa peau

Veedor: intermédiaire qui choisit les taureaux chez l’éleveur pour un matador ou pour une arène. Vient de ver, voir

Empresario: directeur d’arène producteur de spectacles tauromachiques

Recortes: spectacle tauromachique où des recortadores réalisent des prouesses physiques sur les taureaux, sauts, écarts, …

Pienso: aliment composé donné aux taureaux

Mansedumbre: lâcheté, couardise

vendredi 23 juillet 2010

jeudi 22 juillet 2010

La filiation/El ahijado

Le mois de juin est une période très chargée à Mirandilla. On doit, dans l’ordre, réaliser la filiation, ramener les vaches de la dehesa, trier les sementales*, assainir le troupeau et sevrer les veaux.

La filiation /El ahijado*

6h30. J’ai rendez-vous avec Pablo Osborne, le vétérinaire de l’UCTL (Unión de Criadores de Toros de Lidia). Osborne, nom on ne peut plus approprié pour soigner des taureaux braves! Le lever du jour est le moment propice pour établir la filiation, lorsque les mères et leur rejetons se réveillent.

Dans mon bureau, on contrôle en premier lieu que l’information sur les documents qu’il possède du syndicat correspond à celle de mes listes. Combien de veaux déclarés, combien de crotales* utilisés, les mères indiquées sont-elles bien en vie, des veaux sont-ils morts depuis, … ? On décèle deux différences minimes: l’animal porteur de la boucle nº 5792 est déclaré comme mâle pour lui, et comme femelle pour moi; le veau de la vache nº 416 est vivant pour lui alors qu’il n’existe plus pour moi.

La vérification administrative terminée, direction le campo pour se rendre compte de visu. Pablo me met immédiatement à l’aise. On ne va pas examiner les 89 veaux déclarés. On va mettre au clair les deux écarts trouvés et constater une dizaine de filiations, au hasard.

Premier lot de vaches. Pablo me teste.

- combien de vaches y-a-t-il ici?
- quarante six
- tu sais dans quel lot se trouve le veau 5792?
- dans cet enclos précisément
- qui est sa mère?
- la nº 319
- montre-les moi s’il te plait

Un compliment au pasaje, sur l’excellent état des mères, qui fait toujours plaisir à entendre venant d’un véto, et nous cherchons cette vache dans les quarante-cinq hectares de l’enclos. Pablo en profite pour vérifier aux jumelles quelques numéros de veaux en train de têter leur mères. Il authentifie les liens fils-mères que j’avais déclarés au syndicat ainsi que leurs sexes.
Nous trouvons la vache nº 319. Elle est seule. Dès qu’elle voit le véhicule, elle accourt vers sa progéniture pour la protéger. Pablo confirme et note qu’il s’agit bien d’une femelle. Il me donne aussi son avis medical sur un abcès qu’elle porte sur le flanc.

Pablo me jauge encore.

- selon ma liste, la vache nº416 a un veau
- elle en a eu un, mais il est mort il y a bien un mois. Je suis certain d’avoir déclaré la perte. Je lui montre le document en faisant foi
- ce n’est pas grave, il y a souvent un temps de décalage entre la déclaration du mayoral et lorsque l’info me parvient.
- où se trouve la vache?
- dans le lot de “Beca”
- c’est loin
- non, à 10 minutes
- allons-y

Dès que nous pénétrons dans l’enclos, Pablo me demande si je suis capable de reconnaître de loin cette vache. Je prends cela comme une épreuve. Je n’ai pas encore, après 18 mois comme mayoral, la prétention de distinguer les 160 vaches de ventre, mais je commence à en connaître un bon nombre. Celle-ci est facilement discernable. Je l’identifie comme “la camarguaise”, pour ses cornes en forme de lyre. Effectivement, après cinq petites minutes de recherche, je l’aperçois au loin et la montre à pablo. On se rapproche.
Pablo me confirme, vu l’état de ses mamelles, que cette vache n’allaite plus depuis un certain temps et inscrit que son veau est bien mort.
Quelques numéros supplémentaires justifiés et Pablo m’indique que tout est ok, qu’il entérine la filiation.

La camarguaise
- il reste un troisième lot de vaches. On n’y va pas?
- j’ai terminé, mais allons-y tout de même, pour le plaisir

Cet élan d’aficion chez un véto qui effectue pourtant des filiations par dizaines chaque année, me séduit. Effectivement, nous admirons tranquillement, sans aucun document sur les genoux, sans contraintes, le dernier lot de mères. Elles sont grasses et ont la peau luisante. Elles sont en parfait état et en totale confiance. Je profite de ce beau moment de paix car je sais que dans quelques jours cette sérénité ne va plus exister. Il va falloir les ramener aux corrals pour les vacciner et ça c’est une autre histoire…

- ce veau est le seul à ne pas porter les boucles, me fait remarquer Pablo
- il nous a été impossible de tromper la vigilance de la mère pour l’attraper. Cette vache est une véritable furie et jamais un vacher n’a réussi à boucler un de ses veaux au campo!

On rentre au cortijo. Un grand verre d’eau fraîche étanche notre soif. La chaleur est étouffante. Il n’est pourtant qu’onze heure. Cela promet.
On signe les fiches administratives et Pablo me remet le document de l’UCTL validant la filiation 2010.

- bon boulot mayoral, tout est en rêgle. On se voit à l’automne pour la ferrade

Je sais qu’avec mes vachers nous n’avons fait que notre travail, mais ce compliment ne peut faire que du bien …


Crotales: boucles posées sur les oreilles des bêtes avec un code barre européen. Permet de suivre la traçabilité

Sementales: étalons, taureaux reproducteurs. Vient du mot semen, semence

vendredi 16 juillet 2010

14 juillet, un feu d'artifice de routine


La seringue retractable
Mercredi 14 juillet, une journée comme les autres à Mirandilla. La routine. Visiblement les taureaux du Marquis ne sont pas sensibles à la fête nationale de leur mayoral français!

1h00 du matin. On sonne à ma porte à Gerena. Saut du lit brutal. Un voisin qui vient d’Aznalcollar, le village voisin, m’avertit qu’il a vu à hauteur de la finca, sur la route, un animal, une vache lui semble-t-il. Je commence à stresser. L’année dernière, le bus du village avait percuté et tué une de nos vaches adultes sur cette même route. Les dégats sur le bus avaient déjà été considérables. Je pense alors à une voiture de tourisme ou pire encore une moto…
Je me rends sur place en voiture. L’animal est au bord de la route. Ses yeux brillent dans la lueur des phares. Je respire. Ce n’est qu’une velle. Elle a perdu ses repères, ne sachant pas retourner d’où elle venait. Je descends de mon véhicule. Entre temps, apparaît Javi, le casero*, averti par téléphone. Nous essayons d’attrapper la génisse. Elle nous échappe, traverse une clôture, et pénètre dans un enclos de vaches mères. Je peux retourner au lit tranquille. Elle est chez nous. Pas dans son enclos, mais bien chez nous. Demain sera un autre jour…

7h00. Petit café bien serré chez le casero et organisation de la journée de travail des vachers. A mon époque de contrôleur de gestion ont appelait cela un briefing! Disons que là c’est un peu plus marrant, plus détendue comme ambiance. Et puis je vous mets au défi de faire prononcer ce mot à un de mes vachers.
Piti et Javi donneront à manger au bétail. Remplir le moulin d’avoine et de fêves, moudre, verser en sacs, charger sur la remorque avec les balles de foin; Chico ira à cheval sortir le groupe d’añojas* pour pâturer les chaumes de blé et nettoiera ensuite les écuries; Pedro et Cheche feront de la maçonnerie au cortijo* toute la matinée. Pour ma part, je ferai une révision complète des enclos
Rendez-vous en milieu de matinée pour le deuxième partie de la peonada*.

Bien que je fasse deux fois par jour cette tournée, il y a toujours quelquechose à découvrir.
Bilan du jour. J’ai trouvé l’endroit par où la velle est sortie cette nuit. C’est une ouverture dans une haie de figuiers de barbarie. On bouche. Un veau sevré la semaine dernière a une blessure infectée sur l’épaule gauche. On l’attrappe, on l’attache et on le charge sur la remorque. Ça ressemble à un coup de corne. On nettoie bien, on désinfecte et on lui administre un antibiotique sous-cutané. Deux génisses tientées et réformées sont passées avec le lot de douze utreros*. On les trie à deux cavaliers. Une d’elle a une blessure dans la poitrine. On la fait passer dans le couloir à contention. C’est un gros coup de corne assez profond. Ayant passée la nuit avec des taureaux, l’un d’eux a dû tenter de la couvrir et l’a blessée. Même opération qu’avec le veau. Une vieille vache qui n’était pas passée au dernier assainissement apparaît morte. Son corps était bien camouflé au milieu d’un arbuste de lentisque. Elle avait cherchée la fraîcheur pour mourir. L’odeur pestilentielle m’a averti. Nostalgie, c’est la nº 235, Lobina, vingt et un ans, quinze enfants. La doyenne du troupeau. On remorque son cadavre avec la tracteur, vers le cortijo. J’avertis la société qui est en charge de l’évacuation des cadavres por l’équarrissage. Ils viendront certainement demain.

Le vétérinaire du ministère de l’agriculture me téléphone. Il est dans les parages et peut passer dans une heure. Il nous reste huit novillos à vacciner contre le virus 4 de la fièvre catarrhale (langue bleue). On les sort de leur enclos en les attirant avec le tracteur et la nourriture. Deux cavaliers “poussent” le bétail dans le calme. On les enferme en corral. Je refuse de les passer au couloir de contention. Trop dangereux pour leur intégrité physique. Cela se fera à la seringue retractable, du haut des chiqueros*. La manipulation, dans la plus grande sérénité, se passe à peu près bien. Un des novillos, le nº 1 s’abîme tout de même la pointe de la corne droite. A observer dans les jours à venir.
Un abreuvoir est vide. Je suis la canalisation et trouve une fuite. Les taureaux ont gratté le sol et fissuré le tuyau. Je vais au village acheter le matériel nécessaire. J’en profite pour rêgler une facture au maréchal ferrant et récupérer un filtre de gasoil pour le tracteur.

11h00. Javi, le plus plombier de nous tous, répare la tuyauterie. Il passe ensuite la herse à disques dans un enclos pour broyer les chardons. Piti et Chico nettoient un autre parc où ils retirent des morceaux de fils barbelés et des piquets en bois d’une clôture remplacée il y a dix ans! A cheval, ils vont ensuite rentrer les génisses qui ont pâturé les chaumes.
Il me reste un peu de temps pour mettre à jour de la paperasse: notes sur les incidences des dernières journées, vérification de la concordance des codes européens des vaches avec le livre de registre, tri de factures, passage des notes de tienta sur l’ordi, ... Il faut aussi répondre aussi à la dizaine de messages téléphoniques sur le portable.

13h15, fin de la journée. On se retrouve dans le patio de caballos*. On douche et fait boire les chevaux. Commentaires de la journée. On appelait cela le debriefing dans mon temps de gestionnaire! Pour ma part, je reviendrai en fin d’après-midi pour une nouvelle tournée et un peu de paperasserie. Mais ça c’est une autre histoire…

La vache Lobina
Journée normale de campo. Rien de très noble ou excitant. Seulement la routine. C’est lors de journées comme celles-ci que la passion doit vous donner des ailes. Parvenir à toujours resentir de l’émotion, même dans un train-train de préoccupations.
Loin l’image du mayoral, sombrero de ala ancha* visé sur la tête qui parade à cheval toute la journée au milieu de ses taureaux…Etre mayoral c’est souvent autre chose. L’élevage d’un taureau de combat est la somme de centaines de tâches et de tracasseries durant cinq années. Et tout ça pour quinze minutes de lidia* de l’animal en piste.

Vous pouvez alors imaginer la colère retenue du mayoral lorsqu’il entend la sentence laconique du matador :
“c’est que vous comprenez, … le taureau ne m’a pas servi”.
Greuuuhhhh…



Casero: gardien de la ferme, qui dort sur place

Añoja: génisse d’un an

Cortijo: partie bâtie de la ferme. Corps de ferme

Peonada: journée de travail dans l’agriculture

Utrero: taureau de trois ans

Patio de caballos: cour de travail dans la ferme. Lieu de répartition des tâches de la journée

Chiqueros: petites dépendances, à la suite des corrals plus amples

Sombrero de ala ancha: chapeau à large bord

Lidia: ensemble des phases du combat d’un taureau dans l’arène

jeudi 15 juillet 2010

mercredi 30 juin 2010

La pesée du plus malin

L'hiver anormalment pluvieux qu'a supporté l'Andalousie a eu des conséquences dramatiques sur les semailles d'automne. Les trente-deux hectares semés en blé à Mirandilla n'ont pas échappé au désastre. Totalement noyés pendant plusieurs semaines, les poussent se sont pourries et n'ont pas atteint la maturité nécessaire à leur récolte.
C’est un dur revers économique pour l'équilbre financier de l'exploitation. Mais, contre mauvaise fortune bon cœur, il est décidé de couper les blés, d'emballer et de se procurer ainsi la réserve de foin indispensable pour un été qui s'annonce particulièrement long et sec.

Contact est pris avec un faneur professionnel. Fixé le tarif de la sous-traitance, il reste à déterminer le rendement en foin de cette parcelle. La rémunération se calculera au kilo récolté. N'ayant pas sur place la possibilité de peser réellement la production, il faut établir le poids moyen d'une balle de foin, qui servira d'étalon de mesure pour calculer le poids d'un paquet, composé de quatorze balles. Le nombre de paquet est lui indiqué par le compteur automatique de l'emballeuse.

Rendez-vous est pris avec Juan, pour le lendemain à la fraîche, à 6h30. Juan est bien comme sa voix au téléphone me l'indiquait. Soixante-quinze ans, accent andalou du campo à couper à la faucheuse, un regard malicieux fuyant et toute une vie à faire de la paille. Pensez donc, il se met à énumérer les mayorals qu'il a connu à Mirandilla et la liste est interminable. Je sais, dès que je serre sa main rugueuse et crevassée, que je vais me faire avoir. Oh, pas beaucoup, car ses yeux renvoient un fond de noblesse, mais un peu, juste le nécessaire pour rentabiliser son négoce familial.
On décide de ramasser quelques ballots de foin au sol. Combien?
- deux! annonce Juan.
Je m’inquiète, cela me paraît peu.
- pourquoi pas vingt, le résultat serait plus juste?
Ok pour douze. Pourquoi douze, je n’en sais fichtrement rien. Comme imcomprehensible l’explication de devoir toujours choisir un nombre pair … Pourtant, Juan a bien tenté d’argumenter cinq bonnes minutes!

On chemine dans le champs, entre les cinq mille balles de foin. Lesquelles prendre? Je me doute qu’il peut exister des différences de 5 à 6 kilos par bottes et sur une telle quantité, l’incidence économique n’est pas négligeable. Longueur de la tige, poids de l’épi, densité des grains, nombre de feuilles; zone en pente, en hauteur, en contre-bas, plus au moins exposée au soleil, au nord, au vent … Tant d’éléments que je ne maîtrise pas mais qui interviennent.
- on prend celle-là me dit Juan.
- non, l’autre, juste à côté.
Pourquoi celle d'à côté? Aucune raison logique, simplement pour ne pas me laissez faire d’entrée. La suivante me paraît beaucoup plus lourde. Une rapide inspection me donne l’explication : de gros cailloux y sont incrustés. Juan se défend. Il ne s’en été pas rendu compte.
Soudain, une évidence : peser tôt le matin, à la fraîche, avec la rosée de l’aube avantage le faneur. Le foin est plus lourd. Peser en pleine après-midi, à 35º aurait donné un autre résultat, plus à l’avantage du mayoral. Je fais cette remarque à Juan qui me répond qu’il est trop tard, qu’il ne peut revenir plus tard. On pèse maintenant ou jamais!

La pesée se fait sur la balance des taureaux, dans les corrals des arènes. Deux balles à la fois. Attention de bien répartir le poids sur le plateau. Un bout de pied sur le plateau et ce sont quelques grammes de gagnés …
- oh pardon me dit Juan, j’avais pas fait attention, son visage illuminé d’un sourire angélique.
Il faut ensuite bien lire les chiffres sur le fléau.
- on n’y voit rien ici, se plaint Juan, ça marque bien 61,5 kilos?
- non Juan, regarde bien, ce sont 60,5 kilos.
- ah oui? C’est qu’à mon âge, sans mes lunettes…
Cela s’appelle avoir une vue sélective.

Les douzes bottes sont pesées. Il faut en faire la moyenne. Ma calculatrice de poche a vite fait les additions et la division idoines. Juan n’a aucune confiance en ce matériel moderne. Il prend son petit carnet, un crayon à papier dont il mouille la mine en y crachant grassement dessus et effectue son prore calcul en cachette. Modernité et tradition se rejoignent. Juan est presque étonné que ma calculatrice ait pu donner le même résultat que lui! 28,8 kilos par balle de foin.
- ce n’est pas un chiffre rond s’exclame-t-il, disons 29 kilos.
- et ben tiens … et pourquoi pas 28?
Je sais que j’exagère en proposant ce poids, mais cela fait partie du jeu, je dois me forcer. On coupe la balle en deux. Ce sera 28,5 kilos la pièce. Combien pèse le paquet de 14 balles? Nouveau combat entre calculatrice et carnet. Je ne peux m’empêcher d’admirer la justesse de calcul de cet homme quasiment analphabète, qui tarde un éternité pour tracer en tremblotant les chiffres sur son papier. Il a le temps de le faire. Il a toujours eu le temps de le faire. Pourquoi se presser aujourd’hui? On arrive à 399 kilos par paquet. Timide tentative de Juan de rogner à 400, mais sans trop insister. C’est là que je comprends que pour Juan, la pesée a été un succès. Sinon, il m’aurait convaincu d’arrondir à 400.

En mon for intérieur, je sais que Juan m’a eu. Pas énormément, mais il m’a eu. C’était important pour lui. Son honneur est sauf.
Quant à moi, j’ai sauvé la face. L’arnaque n’a pas été trop rude. Enfin, je crois … L’année prochaine, il m’aura moins car j’ai compris des tas de trucs de campo que les écoles agricoles n’inculquent pas. Ne dit-on pas se faire rouler dans la farine … de blé?
N’allez surtout pas déduire que Juan est malhonnête. Il n’aurait pas tenu tant d’années dans cette profession. Il est simplement un homme de campo qui se devait de profiter de l’innocence du nouveau mayoral, franchute* de surcroît.

* franchute : terme péjoratif en Andalousie pour désigner un français

vendredi 18 juin 2010

Huit mois

Mirandilla, novembre 2009
Un novillo armé
Ce message, huit mois après notre visite dans le campo en compagnie de Fabrice, comme guide, comme passionné, à profiter d'une belle journée dans cet univers qui impose respect et silence.

Merci pour cette découverte, qui restera longtemps gravée dans ma mémoire.

A quand la première novillade en france?

A quand la renaissance du Marquis d'Albaserrada?


Salutations.



Sabine et Philippe Bouton

samedi 12 juin 2010

Les cinq Gersois

Merci de transmettre à Fabrice Torrito tous nos remerciements pour la matinée de mercredi que nous avons passée à visiter la ganaderia d'Albaserrada.

Nous avons apprécié ses explications généreuses, passionnées et passionnantes.

Nous ne manquerons pas d'en faire part à nos amis aficionados.

Les cinq Gersois vous adressent tous leurs voeux de réussite dans votre entreprise.


Christian Dall.

mardi 8 juin 2010

L'élégance du Marquis

Antoine Beauchamp est un jeune géographe qui s'est installé pour un an à Séville, pour rédiger un mémoire d'études sur l'élevage des toros bravos.
Il tient sur "Signes du Toro" le site internet de l'émission taurine de France 3, dans la rubrique "La Route des toros", le journal de cette aventure.



"Jeudi matin. Direction Gerena, ganadería du Marquis d’Albaserrada. Nous arrivons devant la grille. Derrière une haie vive de figuiers de barbarie sonnent des cloches. Les bœufs sont avec des novillos. Dans une encoche libre d’épines, j’aperçois un novillo armé, debout sous la chaleur qui plombe ce mois de juin. Le thermomètre de la voiture affiche 30°, il est neuf heures et demie. La campagne du Nord de Séville s’apelle dehesa et elle a quelque chose de divin, d’olympien. Le toro est ici chez lui, cette terre est sa terre et debout sous le soleil il a les yeux mi clos. Notre hôte,
Fabrice Torrito arrive et nous ouvre la grille de la Mirandilla. Nous le suivons dans l’allée où se lève la poussière. Des eucalyptus monumentaux nous surplombent. Nous discutons en descendant de voiture. Nous nous dirigeons vers l’écurie. Nabuco, l’un des chevaux de l’élevage se tient dans son box, il est noble, il a de l’allure. Puis nous suivons Fabrice jusqu’à son bureau. Une salle ouverte et fraiche qui sent la sellerie, le cuir tanné, où cohabitent des chapeaux cordouans, des bottes, des selles, et un bureau avec un petit ordinateur réunissant toutes les données de l’élevage. Ca y est, je vois enfin ce rêve d’élevage andalou. Je lui fais part de mon admiration pour son cadre de travail bien loin des open space à la new yorkaise où celui qui a une cravate ressemble à son voisin qui a lui aussi une cravate et où l’on parle, pour faire passer le temps, du nouveau modèle d’écran plat qui viendra combler les soirées solitude-plateaux repas. Fabrice Torrito me dit « Au moins ça vit ». Que faire sinon acquiescer ? Les hirondelles plongent dans la cour en sifflant.

Nous discutons de la situation de l’élevage, celui d’Albaserrada et de l’élevage en général. La maison Albaserrada est à un tournant décisif. Après avoir connu des années de pente glissante, l’heure est à la réaction. Fabrice Torrito nous explique son intention de retrouver le toro qui a fait la gloire de l’élevage, le toro-toro, pas le toro fade que l’on croise souvent sur nos sables. L’ambition torista est affirmée sans dogmatisme excessif. La confiance sereine et modeste de Fabrice Torrito force le respect. Nous sommes loin des projets fous qui mènent les élevages aux moyens dantesques à cloner des animaux, car oui, c’est fait, chez Guardiola un étalon âgé de 15 ans a été cloné. La chose reste rare.

Puis dans la cour de la maison de maître, de la plus grande des élégances, nous parlons de ses débuts en tant que mayoral dans l’élevage il y a de cela quinze mois. Des jalousies, des rancœurs, un sentiment grégaire, ont inspiré à certains idiots les gestes les plus bas qui soient pour empêcher Fabrice Torrito de démarrer son travail. Insultes, graffitis, menaces par téléphone, incendie criminel du hangar où étaient entreposées 120 tonnes de fourrages, telle fut l’ambiance de la prise en main d’un élevage andalou par un non andalou. La tempête a passé et Fabrice Torrito est resté en place. Il m’explique que sans le tourisme, l’élevage ne survivrait pas. Les toros d’Albaserrada étant hors des canons actuels imposés, l’enjeu est de s’engager dans une voie torista afin de retrouver le chemin des arènes.

Nous partons visiter la dehesa généreuse où le bétail peut encore se nourrir après les pluies diluviennes de cet hiver. Nous voyons les novillos, puis les añojos, toros de un an et les erales, toros de deux ans. Pour l’heure, seuls des lots de novillos sont prévus. Le but est de remonter une ganadería à partir de ses qualités de départ. Plus les résultats sont connus rapidement, mieux cela vaut. Le seul et unique révélateur des décisions prises est ce temps précieux qui serre le cou des élevages en reconstruction.

La dehesa est belle, les oliviers sauvages, les chênes verts, les chênes lièges, les genêts, les eucalyptus, le thym, le fenouil sauvage, cette nature sauvée du goudron émane de mille odeurs sous le soleil et la brise de juin. Nous voyons les étalons, les vaches, puis retournons jusqu’aux bâtiments de l’élevage. La plaza de tientas a des allures de friandise dans sa rondeur coquette.

Nous allons nous mettre à l’ombre. En arrivant sur le seuil de la maison de maître, j’aperçois en contrejour l’ombre d’un homme avec un chapeau à bord plat. Il s’avance et nous salue dans un français roulant des plus chics. Le Marquis d’Albaserrada reçoit. Déjà âgé, cet homme garde la dignité des rares personnes nées pour être élégantes en toute circonstance. Son pas, même s’il est parfois mal assuré, est sans heurs. Il a le regard d’un éternel poète qui, sur toute chose, porte un jugement distingué, sans bassesse. N’osant pas le prendre en photo de face comme s’il était une fleur dans une serre ou une starlette géranium dans un pot de papier glacé, j’attends qu’il s’éloigne. Il s’arrête sur le pas de sa porte. Regarde cette cour qu’il a traversée de nombreuses fois. Les sentiments se croisant dans la tête de cet homme doivent être nombreux, peut-être sont-ils ceux d’un doux naufrage, celui de la vieillesse qui saisit toujours les téméraires qui osent s’y frotter.

En le voyant de dos, son chapeau mis de côté, les manches retroussées, les mains dans les poches, le dos droit, je ne parviens à me dire qu’une seule chose : l’élégance du Marquis.
L’élégance du Marquis et la ténacité de Fabrice Torrito me rassurent. L’élevage de braves peut continuer à exister. Mais son élégance et sa diversité sont fragiles comme cet homme âgé et à la merci des inconséquents pyromanes de tout type. Alors, parlons en pour que ses remparts ne se craquèlent pas trop."




Texte et photos d'Antoine Beauchamp.


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