vendredi 13 septembre 2013

Muerta por lobo



En feuilletant les livres anciens de l'élevage, on trouve des indications curieuses.

La première fille de la vache Lineada, baptisée Judia, marquée du nº 31née en 1948, de robe mulata, barriga blanca (on dirait bragada aujourd'hui), n'est pas morte de cause naturelle et n'a pas été non plus envoyé à l'abattoir échouant au test de sélection ... 

Non, cette génisse est "muerta por lobo" le 21 décembre 1949. Traduction littérale, elle est morte "par loup". Elle s'est faite tuée par un loup.

La preuve est là, en 1949, des loups erraient encore sur les terres de Mirandilla et dévoraient les veaux et velles!

Trouvez ci-dessous, l'histoire "Les loups" extraite de mon ouvrage pour enfants "Luminoso se mit à parler ..." qui évoque vaches, veaux, loups et chiens au campo.

"Les Loups.

Cette nuit de nouvelle lune a encore été fatale pour le troupeau de vaches.
Une meute de loups affamés est descendue des montagnes. Deux veaux à peine âgés d’une semaine se sont faits dévorer par les fauves. Mal organisées, les mères n’ont pu empêcher ce terrible carnage. C’est déjà la troisième fois que cela survient ce mois-ci.

La reine des vaches-mères réunit tout le troupeau.
-       La situation est grave. Cela ne peut plus continuer ainsi. Nous devons réagir. Si tous nos enfants sont mangés par les loups, le troupeau sera décimé. Dans quelques années il n’y aura plus de taureaux de combat pour la corrida. Notre race disparaîtra.
-       Mais que pouvons-nous faire ? s’inquiète une belle vache rousse. Les loups sont plus forts que nous. Ils sont plus méchants.
-       Nous devons utiliser notre instinct maternel de protection. Nous sommes trop naïves. Les loups profitent de notre mésentente pour nous surprendre. Trouvons ensemble une parade.

Toute la journée les vaches discutent des solutions à apporter. Elle élaborent un plan qui s’avère sensationnel et fonctionnera les nuits, les semaines, les mois et les années suivantes. En fait, ce plan deviendra la survie de la race des taureaux de combat pour des siècles. Il est encore en vigueur de nos jours.

D’abord consigne est donnée aux mamans de faire naître le veau dans un endroit camouflé. Même s’il faut pour cela parcourir des kilomètres et s’éloigner du troupeau. Le lieu de la naissance doit être inaccessible pour l’ennemi.

Les loups qui ont un odorat très développé sont attirés de très loin par les odeurs qui entourent le nouveau-né. Il est décidé que tous les déchets qui apparaissent lors de la venue au monde seront mangés par les mères pour faire disparaître les traces de la naissance.

Le veau devra rester caché dans cet endroit retiré au moins une semaine. Lorsque la mère le sentira suffisamment fort, elle le sortira de la cachette et ira le présenter au reste du troupeau.
S’organisera aussi un système de garderie. Une maman sera en charge de la surveillance d’un groupe de huit ou dix veaux. Cette vigilance se fera jour et nuit et à tour de rôle. Ainsi les autres mamans peuvent sans crainte vaquer à leurs occupations. En cas de péril, la surveillante pourra alerter les autres immédiatement.

Les mamans apprendront aussi à se battre contre les loups. Elles se serviront de leurs cornes pour les attaquer et les blesser. Elles doivent se faire respecter.
Enfin, chaque maman devra expliquer à son enfant le danger réel que représente le loup afin qu’il se méfie et puisse être sur ses gardes.

Des milliers d’années plus tard, la vache Revoltosa, ne se fait pas prier. Lorsque le chien de la ferme, Pimpon, s’est approché en reniflant de l’endroit où elle tenait caché son veau récemment né, son sang n’a fait qu’un tour. Eloigné d’une centaine de mètres elle accourt au galop. Elle fonce avec fureur, soufflant sa rage. Le chien comprend qu’il est en danger, que la colère de la vache est réelle et applique la tactique la plus efficace dans cette situation : la fuite éperdue en aboyant de peur.

L’organisation de défense mise en place par ses ancêtres les vaches a encore fonctionné.
Pimpon ne comprend pas ce qui lui arrive. Il ne se doute pas qu’il est la cible d’une haine qui date de plusieurs siècles. De générations en générations la mémoire des vaches a transmis cette rancune.

L’hostilité que toutes les vaches du monde accumulent depuis la nuit des temps envers le loup s’est retournée, par assimilation, vers lui, de la race la plus proche, le chien."

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