lundi 27 juillet 2015

Triste et rageant


Le village de Gerena
vu depuis Mirandilla

Cabanillas del Campo, cité dortoir des madrilènes, sans aucune âme, près de Guadalajara, arènes démontables au milieu de la fête foraine, installations précaires, chiquero en tôles ondulées, novillo en plein soleil pendant sept heures ... Couloir d´accés à la piste avec un angle à 45º et une porte dans cet angle?!

Prêt à en découdre, Cascabelero s´éjecte du toril avec toute la fougue de sa race ... et se fracasse contre cette porte.

Corne gauche brisée au niveau du crâne ... espoirs anéantis. C´en est fini. Il vient encore taper durement sur un burladero malgré la douleur. 

J´ai au moins pu furtivement déceler deux qualités chez Cascabelero : promptitude dans l´attaque et générosité dans la cogne!

lundi 20 juillet 2015

CASCABELERO


C'est l'utrero CASCABELERO, nº 31 du millésime 2012 qui représentera la ganadería du Marquis d'Albaserrada à la novillade concours de Cabanillas del Campo (Guadalajara) ce samedi 25 juillet.

Cascabelero au printemps.
Photo William Lucas.

Il est né en octobre 2011 (3 ans et 8 mois) et il est "negro listón chorreado" de robe (noir, épine dorsale rousse, reflets roux sur les flancs noirs)

Cascabelero aujourd'hui

Son père est le semental nº 6 ELEGIDO et sa mère la vache CASCABELERA nº 337. A ce jour cette vache n'a vu lidier qu'un seul de ses fils. Il est sorti cette saison en becerrada à Motril (Grenade) comme añojo (1 an) et a montré une grande noblesse.

mardi 14 juillet 2015

Un Albaserrada en concours


Le samedi 25 juillet, un utrero va représenter la ganadería du Marquis dAlbaserrada à la novillade concours de Cabanillas del campo, province de Guadalajara.

Notre élevage ayant le plus d´ancienneté (1963) des 6 élevages présentés, il sortira en première position, ce qui représente un handicap évident.

Cest le novillero local Curro de la Casa qui le lidiera.

Je vous présenterai le novillo plus tard sur ce blog.


mardi 7 juillet 2015

Gestion d'une truanderie


Dans l'apprentissage au métier de mayoral, je suis en train de vivre une facette dont je n'avais jamais connu la teneur : la gestion d'une truanderie.

En effet, être mayoral ne consiste pas seulement avec l'aide de ses vachers (merci Chico et Javi), à selectionner les femelles les plus braves, choisir les étalons les plus racés, assembler les différentes lignées, organiser les lots de reproduction, déclarer les naissances des veaux, les attraper, les boucler, les sevrer le moment venu, les marquer au feu, ... 

Mouvoir les troupeaux à cheval, faire les lots de novilladas et corridas, ... Nourrir le bétail, l'abreuver, le vacciner, le déparasiter, ... Ne pas oublier la maintenance des chevaux (merci Jean-Christian), ... reprendre des clôtures, fabriquer des barrages, réparer les abreuvoir, peindre les bâtiements, maintenir le jardins et les espaces du cortijo (merci Pedro et Dany) maçonner les murs des corrals (merci Genest, les 3G et compagnie) ... 

S'occuper de toutes les tracasseries administratives auprès du syndicat des éleveurs et du ministère de l'agriculture, ... Gérer la trésorerie pour payer le personnel (merci Maruchi), le pienso, le gasoil, ... Organiser les réceptions des groupes de touristes (merci Isabel et sa cuadrilla) qui permettent d'équilibrer l'économie de l'Exploitation et de divulguer le contenu de notre métier d'éleveur, ... 

J'en passe et des ... bien meilleures. Car le secret est bien là, cette liste de tâches qui parait si ardue s'assume finalement en douceur grâce à la passion qui nous anime tous à Mirandilla. Par contre, gérer une truanderie qui fait fi de tout cet effort quotidien est une faena que je ne souhaite à personne de connaître et surtout à aucun mayoral!

Huit toros de quatre ans sont vendus et embarqués fin avril avec la promesse, contrat à l'appui, qu'ils seraient toréés le 27 juin à Las Rozas de Puerto Real en corrida formelle. C'était important pour moi après la corrida de Vergèze l'an dernier de voir l'évolution de la sélection au sein de la ganadería, avec la lidia d'autres taureaux de quatre ans. Et puis dans un élevage comme celui du Marquis d'Albaserrada, il n'y a pas des dizaines de lots à vendre par saison. Pour 2015 seuls ces huit animaux étaient aptes au combat en corrida.

Hachero nº 22 et Selvático nº 17
Seront-ils toréés?
Photo Laurent Larrieu
(Campos y Ruedos)



Après diverses péripéties qui me faisaient douter de l'honnêteté de l'acheteur, je me tranquillisais un peu en voyant notre élevage annoncé officiellement sur l'affiche. Pourtant, une semaine avant la corrida, j'apprends que ce ne sont pas nos taureaux qui seront combattus ce jour-là ...

A partir de là, gestion de la truanderie. Communication (vite avortée) avec l'empresario, envoi de lettres recommandées, gestion d'un cabinet juridique, négociations, menaces, proposition de récupérer NOS taureaux, (ok nous dit l'empresario magnanime, mais plus chers que ce qu'on vous les a achetés!) ...

Le fond de la question juridique est de savoir si le ganadero garde une quelconque propriété sur un animal qu'il a élevé, vendu certes, mais qui continue de porter son fer et va avoir une existence artistique dans une arène.

Je ne sais pas ce qu'il va advenir de cette histoire, et publicité sera faite de cette empresa et de ses responsables le moment venu, mais elle est vraiment sordide. Que des personnages comme ceux-là bafouent le travail de près de cinq années d'un ganadero en lui achetant des PRODUITS qu'ils vont ensuite revendre comme bon leur semble, sans aucune vergogne, au plus offrant, sans se soucier un seul instant de l'intérêt de l'éleveur, me paraît être une manœuvre écœurante. Le tout prémédité ...

Cette mésaventure, outre le fait de me servir de leçon (mais bon sang quel prix horrible à payer) montre encore une fois que ce mundillo est aussi habités par des individus qui ne donnent pas une image des plus dignes de notre chère Tauromachie. 

Une preuve de plus que les antis sont bien à l'intérieur du système ...

vendredi 3 juillet 2015

"Injustice", par Florent Moreau


"L'Espagne des toros révèle de temps à autres un visage peu enviable. En vous rendant vers certaines arènes, alors que le ciel n'est encombré d'aucun nuage, vous pourriez bien avoir de mauvaises surprises. 

Des annulations par exemple, dans des arènes de première catégorie, le jour de la course, car tous les toros sont refusés, sans lot de substitution pour les remplacer. Mieux (ou pire) encore, des arènes qui par le passé ont dû annuler une corrida à cause d'un nombre trop faible de billets vendus ; ou d'un organisateur qui est parti avant le paseo avec l'argent sans même payer les toreros (c'est ce qui est arrivé au mois de mai dernier à Orduña, au Pays Basque).

Pour Fabrice Torrito, qui s'occupe à plein temps de la ganadería du Marqués de Albaserrada, il ne s'agit pas d'annulation, mais d'une histoire de la même nature.

Desprendido nº 11 dans un flou artistique.
Où est-il? Que va-t-il advenir de lui?
Photo Laurent Larrieu
(Campos y Ruedos)

On peut suivre, assez régulièrement, l'évolution de l'élevage via son site, lescarnetsdumayoral.blogspot.fr. On peut y remarquer l'important travail réalisé par le français aux manettes de cet élevage, et dont l'objectif est de maintenir l'existence de toros d'origine Pedrajas. Un travail acharné mais admirable. 

Il y a plusieurs semaines, au début du mois de juin, un article y rapportait une histoire mystérieuse concernant une novillada du Marqués de Albaserrada. Le jour de l'embarquement, les organisateurs demandèrent aux responsables de l'élevage de bien vouloir procéder à une manipulation des bêtes, pour réduire leurs armures. Face à cette exigence d'un goût douteux, les novillos restèrent dans la ganadería. On ne saura probablement pas le fin mot de cette histoire, faute de connaître l'arène en question...

En revanche, avec des agissements comme celui-ci, on est en présence du Milieu taurin avec un grand M, celui qui évoque le milieu tout court, les magouilles, et tout ce qui est impossible à cautionner. 

Ce Milieu taurin-là marche sur la tête. Il est celui qui barre la route à des ganaderías intéressantes ou à des toreros et novilleros qui un jour ont brillé... mais attendent encore que le téléphone sonne.
Quand on voit par exemple que l'élevage (Guardiola Fantoni) qui a fourni la meilleure novillada de la saison 2014 en France est parti à l'abattoir quelques mois après, on peut sérieusement se poser des questions sur la santé actuelle de la tauromachie.

La seconde histoire, en peu de temps, qui concerne le fer du Marqués de Albaserrada et Fabrice Torrito, se passe (ou plutôt ne se passe pas) à Rozas de Puerto Real, près de Madrid. Là-bas, une corrida du Marqués de Albaserrada était annoncée pour le samedi 27 juin, ce qui par ailleurs était mentionné sur l'affiche.
On peut bien entendu se demander s'il est honorable de faire combattre ses toros dans un tel bled doté d'une arène portative. Dans tous les cas, ce sera forcément mieux que de les envoyer dans les rues ou à l'abattoir. 

Le 27 juin à Rozas de Puerto Real, tandis que le nom du Marqués de Albaserrada brillait sur les affiches, ce sont des toros de Cándido García Sánchez qui ont finalement été combattus. Comble de l'histoire, la corrida de Fabrice Torrito avait déjà été embarquée... et n'a plus été revue depuis. Ce n'est pas ce genre d'anecdote qui aidera la tauromachie à aller de l'avant.

A force, les personnes comme Fabrice Torrito passent pour des irréductibles, tandis qu'elles devraient être la norme dans le monde des toros. Mais vous pourrez être sûrs d'une chose, le jour où vous verrez en piste un lot du Marqués de Albaserrada, c'est qu'il aura appartenu à des gens honnêtes."

Florent Moreau.